1  Internet, bienfait ou méfait pour les jeunes ?

Questions de parents

Internet, bienfait ou méfait pour les jeunes ?

« Est-ce que les jeunes ne risquent pas de perdre le contact avec la réalité, de manquer de sommeil, de ne plus étudier suffisamment... »

« L'utilisation d'Internet limite les activités physiques de jeunes. Cela va renforcer le développement de l'obésité »

« La façon dont mon fils manipule son gsm, ça ressemble à des tocs ».

Eclairages

Lors de son arrivée, Internet a suscité, comme tous les autres médias avant lui, des réactions de fascination ou de crainte. C'était, selon les points de vue, la meilleure ou la pire des choses. Aujourd'hui, il est communément admis que c'est une activité qui n'est en soi ni bonne, ni mauvaise. Inutile donc d'encenser ou de diaboliser le web. Par contre, il est nécessaire, comme parents, d'en identifier les avantages et les inconvénients.

Les aspects positifs

De côté des avantages, comme le rappelle le pédopsychiatre Jean-Yves Hayez, Internet regorge de ressources riches et utiles. « Le jeune trouve à y satisfaire sa curiosité, sa créativité, son affirmation originale de soi, son besoin de procéder à des transgressions mineures pour grandir. Il peut entrer en relation avec beaucoup d'êtres humains médiatisés qu'il choisit et apprivoise à son rythme. Il se distrait, dans des mondes chatoyants où il est invité à être actif. Il peut éventer son trop-plein de pulsions agressives, souvent anormalement exacerbées par les frustrations de sa vie concrète »(1). Et quand il ne va pas bien, « il peut recevoir et donner dans les chats et les forums d'Internet et même dans ses jeux vidéo multiplayers beaucoup de camaraderie ou même parfois d'amitié, de la solidarité et de l'aide psychologique, même si elles ne déclarent pas clairement leur nom - pas plus que du temps de Molière, on ne sait pas toujours qu'on fait de la prose quand on en fait. Sans l'aide de quiconque, il peut trouver en de nombreux endroits du Web des éléments de réponse à ses petites et grandes questions existentielles ».

Le revers de la médaille

Mais Internet n'est pas un monde idéal. On peut y perdre son temps, accumuler des contenus sans capacité de critique ou de synthèse, s'isoler dans des attitudes anti-sociales ou, mais c'est plus rare, être déstabilisé par des contenus sexuels ou violents ou désinvestir la vraie vie. Il revient donc aux parents d'éduquer leurs enfants à une utilisation critique et responsable de ce nouvel outil.

Éduquer par le dialogue

Pour cela, il est essentiel d'entretenir ce dialogue quotidien fait de mille échanges potentiellement fructueux « susceptibles d'avoir lieu à propos des multimédias et des enjeux de vie plus larges dans lesquels ils s'inscrivent : communiquer, s'informer, se distraire, occuper valablement son temps de vie... ». Jean-Yves Hayez souligne que les parents ne devraient pas sanctionner « un jeune qui raconterait une expérience négative faite sur le Net fût-ce dans le détour d'une transgression », mais plutôt l'encourager à en parler, « le remercier de sa confiance et l'aider à assumer ce qu'il a vécu ».

Et les smartphones?

Derniers venus, les smartphones, ces gsm qui permettent de se connecter à Internet, et les tablettes modifient à nouveau la donne au sein de la famille. Il est inutile cependant de les diaboliser. Ces outils permettent d'utiliser de multiples applications qui vont des jeux ou des infos au gps ou à la vidéo. Pourquoi ne pas échanger en famille sur les applications utilisées par les uns et des autres en en faisant une évaluation critique ?

Internet, bienfait ou méfait pour les jeunes ?
(1) Jean-Yves Hayez, « Les jeunes, Internet et les jeux vidéo, et la société civile », rapport pour la délégation interministérielle à la famille du gouvernement français, 2 mars 2005

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Il ne faut pas diaboliser Internet, car alors, ils 'sortent leurs griffes' et le dialogue est tout à fait rompu. »

« Je trouve important que les enfants évoluent avec leur temps et qu'ils ne se retrouvent pas complètement dépassés dans 5 ans. »

« Nous devons évoluer avec ce monde technologique. Le rejeter est inutile et contre-productif ».

« J'ai fait un travail sur moi-même. Je voyais Internet comme le mal de ce siècle et je me suis dit : il faut savoir l'apprivoiser, le prendre comme il est et l'utiliser à bon escient. »

« En lisant le portefeuille de lecture, j'ai dédramatisé. Il n'y a pas tant de problèmes. Ce qu'il faut, c'est développer l'esprit critique des enfants vis-à-vis d'Internet. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

2 Internet transforme-t-il la vie familiale ?

Questions de parents

2 Internet transforme-t-il la vie familiale ?

« Depuis qu'on a Internet à la maison, je vois moins mes enfants le soir. »

« On passe tellement de temps sur Internet qu'on ne passe plus de temps en famille ou avec les autres. »

« Chacun est devant son ordinateur et il n'y a plus de jeux de société ou d'échanges. »

« Plus le temps avance, plus la technologie nous envahit. »

« On est attaqué chez nous, dans la maison. Même si on essaye de se protéger, cela resurgit d'un autre côté. »

Eclairages

L'arrivée de l'ordinateur bouleverse-t-il la vie de la famille ? Selon la sociologue Laurence LeDouarin(1),celui-ci peut entraîner « des sentiments positifs : joie, excitation et partage. C'est l'occasion de découvrir ensemble des logiciels, des jeux, de se montrer des sites ou des films. Parfois même de mieux se connaître en entrant dans l'intimité de l'autre qui peut, grâce à l'ordinateur, montrer des petits bouts de sa vie. C'est ce qu'on observe souvent entre les frères et soeurs d'âges différents qui se rapprochent sur ce mode ». Mais l'ordinateur peut également « occasionner des conflits. D'abord à travers le choix de son emplacement. Certains voudront l'avoir au centre de la maison - dans le salon, par exemple - d'autres, dans une chambre ou un bureau. Quel meuble servira pour l'installer ? Faut-il privilégier l'esthétique ou la fonctionnalité de l'ensemble ? Autant de questions qui font débat au moment de l'arrivée de la machine. Sans compter les possibles jalousies entre frères et soeurs quand le PC appartient au grand et pas au petit ou l'inverse... »

Eloignement et rapprochement

Toutes les familles le savent, l'ordinateur peut avoir une influence sur la vie quotidienne. « Je pense aux ados qui ne décrochent pas de l'écran quand c'est l'heure de manger, aux couples qui se déchirent parce que l'un des deux consacre tout son temps libre aux rencontres virtuelles quand cela ne va pas jusqu'a l'adultère... Il provoque donc des phénomènes de sociabilisation et de désociabiisation en alternance.A certaines périodes,la famille semble se désagréger : chacun cultive son territoire informatique de son côté ; et à d'autres, se ressouder: la tribu se réunit pour regarder les photos des dernières vacances par exemple ». Finalement, constate la sociologue, l'impact de la télé et de l'ordinateur dans la famille sont semblables par « le mouvement contradictoire qu'ils provoquent : autonomie (chacun devant son écran jouit d'un plaisir en solo) et réunion (on se regroupe pour le film de 20 h 30 ou les infos). La grosse différence réside dans l'interactivité. Avec l'ordinateur, même si les temps forts générateurs de partage sont moins nombreux qu'avec la télé, l'ouverture sur l'extérieur via le Net constitue une source de socialisation en plus ».

Les jeunes guident leurs parents

Laurence Le Douarin observe un autre phénomène bien connu: avec Internet, « la transmission du savoir entre les générations peut s'inverser, du moins s'équilibrer. Les jeunes, naturellement plus habiles avec l'informatique, guident leurs parents et parfois même leurs grands-parents. C'est ainsi que l'ordinateur devient un lieu de partage et de rencontre pour toute la famille. Les membres les plus éloignés font parfois leur réapparition dans le champ des préoccupations de la tribu. On fête les anniversaires, on annonce les naissances et les mariages grâce au web. En fait, c'est la famille qui décide ce qu'elle fait de l'ordinateur. Outil polymorphe, celui-ci se plie aux volontés des membres de la maison et reflète ses forces et ses faiblesses ».

2 Internet transforme-t-il la vie familiale ?
(1) Laurence Le Douarin, « Le couple, l'ordinateur, la famille », Payot/Rivages, coll.Essais, 2007.

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Lorsque les enfants étaient devant l'ordinateur, je pensais qu'ils cherchaient à s'éloigner de moi. mais je me suis rendu compte qu'ils étaient en contact avec leurs amis, qu'ils écoutaient de la musique ou qu'ils cherchaient des informations sur les sujets qui les passionnent, et j'ai été rassurée. »

« Avec Internet, les jeunes ont des excès passagers, mais qui ne durent pas. »

« Quand nous étions jeunes, nous n'avions pas MSN, mais nous utilisions le téléphone. Et nos parents nous reprochaient d'être tout le temps pendus au bout du fil. Ça commençait par les devoirs que nous faisions par téléphone et ça finissait sur des sujets complètement différents. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

  • Laurence Le Douarin
    Le couple, l'ordinateur, la famille
    Payot/Rivages, coll.Essais, 2007.
  • L'ordi, nouveau membre de la famille ?
    Dossier NFF n°89, 3ème trimestre 2009.
  • L'Internet en famille
    Réseaux n° 123, 2004/1 > www.cairn.info/revue-reseaux-2004-1.htm

3 Comment gérer le temps consacré à Internet ?

Questions de parents

3 Comment gérer le temps consacré à Internet ?

« Ils n'arrivent pas à gérer le temps. Ils passeraient tout leur temps libre devant un écran. »

« L'ordinateur est dans une pièce de passage qui peut être fermée par une porte. Je l'ouvre, ils la ferment, je rouvre, ils referment, etc »

« Si mon enfant s'ennuie, il est attiré par les écrans : sauter de l'un à l'autre. »

« Je n'ai pas de problème avec les sites que mes enfants visitent, mais c'est le temps passé qui est problématique. »

« On essaie de fixer des règles avec eux, et puis on se rend compte qu'ils les contournent. »

« Nous avons mis des règles très définies, mais les enfants grandissent, et il devient difficile de vérifier tout le temps s'ils sont en train de faire leurs devoirs ou s'ils sont sur Facebook. »

Eclairages

Comment gérer le temps passé sur internet ? C'est LA question que se posent de nombreux parents. Et il est vrai que les écrans ont tendance à monopoliser le temps libre des enfants. « Il nous faut acter le caractère chronophage des écrans, explique Pascal Minotte, ainsi que la fascination qu'ils exercent sur nous »(1). Il ajoute, en se référant aux jeux vidéo : « Régulièrement, des parents d'enfants d'une dizaine d'années disent ne pas arriver à les déconnecter de leur console de jeux au moment du repas. Or, nos bambins ont toujours eu du mal à interrompre une activité qui leur procure du plaisir et, de tout temps, il a appartenu aux adultes de leur rappeler le principe de réalité. Beaucoup de nos enfants aiment les jeux vidéo et sont portés à y rester tant que possible, c'est-à-dire jusqu'à ce que les adultes fixent une limite claire. Exactement comme lorsqu'ils jouent dans un parc d'attractions avec des camarades. Il est rare dans ces conditions qu'un gamin rejoigne spontanément ses parents et dise : « je pense maintenant que j'ai assez profité de cette activité. Malgré le plaisir intense qu'elle me procure, nous allons rentrer chez nous pour manger, faire les devoirs, prendre un bain et nous mettre au lit ». C'est forcément aux parents de s'assurer que toutes ces choses importantes sont réalisées ». Et il ajoute : « L'adulte qui pose un regard curieux et bienveillant sur les activités de son enfant, qui l'aide à interpréter celles-ci [...] contribue à le protéger des usages obsessifs. En installant très tôt cette forme de médiation entre l'enfant et les écrans, il se positionnera en interlocuteur valable, même dans des périodes plus complexes, comme celle de l'adolescence ».

Et la cyberdépendance ?

Mais le jeune qui passe de nombreuses heures devant son ordinateur ne risque-t-il pas de devenir cyberdépendant ? De nombreux spécialistes remettent en cause ce concept qu'ils estiment très contestable. C'est pourquoi l'Institut wallon de santé mentale (IWSM) préfère parler d' « usages problématiques »(2), une expression qui renvoie avant tout à une souffrance vécue par le sujet et/ou son entourage, sans faire directement référence à une pathologie mentale.

Les usages problématiques

A partir de quand faut-il parler d'usage problématique d'Internet et des jeux vidéo ? Pour l'IWSM, ce n'est pas le nombre d'heures passées devant les écrans qui pose problème. En effet, les informaticiens leur consacrent tout leur temps professionnel sans qu'on puisse parler d'abus. Les usages sont problématiques lorsqu'ils deviennent l'activité prioritaire autour de laquelle s'organise ou se désorganise, tant bien que mal, le reste... Cependant, chez les adolescents, ces « usages problématiques » sont la plupart du temps des surinvestissements transitoires. De plus, souvent, certaines personnes surinvestissent les écrans « afin d'échapper partiellement à une réalité difficile à supporter. Dans ce cas, la passion obsessive peut les aider à ne pas s'effondrer. L'essentiel ici est qu'elles puissent trouver, à terme, d'autres solutions à leur mal-être » (3).

3 Comment gérer le temps consacré à Internet ?
(1) Pascal Minotte , « Qui a peur du grand méchant web ? » , coll. Temps d'arrêt , Yapaka, 2012, p. 52-53. (téléchargeable > www.yapaka.be/professionnels/livre/ qui-a-peur-du-grand-mechant-web)
(2) Pascal Minotte et Jean-Yves Donnay, « Les usages problématiques d'Internet et des jeux vidéo : synthèse, regard critique et recommandations », cahiers de l'IWSM n°6, 2010 (téléchargeable > www.iwsm.be/pdf_dir/UPTIC.pdf)
(3) Pascal Minotte, « Cyberdépendance et autres croquemitaines », coll. Temps d'arrêt YAPAKA, 2010, p. 27 (téléchargeable > www.yapaka.be/files/ publication/TA_cyberdependance_WEB.pdf ).

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Les enfants ont besoin de limites. Ils vont tenter de les contourner, c'est normal. Ils se construisent à partir de ces limites. »

« Il est important de fixer des règles tout en tenant compte de l'évolution des enfants. Mais il faut reconnaître que ces règles ne sont pas toujours faciles à définir. »

« Comme on n'est pas du tout branchés, on a tendance à être stricts et ce n'est peut-être pas une bonne chose. Nous devons plutôt nous intéresser à ce qui les intéresse, et dépasser nos craintes pour identifier les avantages et inconvénients d'Internet. »

« Chez nous, il est clair qu'on n'utilise pas son gsm lorsqu'on est à table. »

« On a demandé à nos filles si cela ne leur posait pas problème qu'on leur interdise Internet avant 18h et après 22h. Elles ont dit 'non'. Nous avons rappelé certaines règles. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

4 Pourquoi les jeunes aiment-ils Facebook ?

Questions de parents

4 Pourquoi les jeunes aiment-ils Facebook ?

« Je ne comprends pas pourquoi Facebook séduit autant. Et c'est dangereux. On peut se retrouver en photo sur Facebook sans s'en rendre compte. »

« Facebook est un phénomène nouveau dont on ne connaît pas encore l'impact. En plus, il ne cesse de changer, d'évoluer, et il est difficile de savoir comment ça fonctionne. »

« Nous ne comprenons pas bien l'intérêt des réseaux sociaux et nos enfants, qui les utilisent beaucoup, n'arrivent pas à nous l'expliquer. »

Eclairages

Facebook, le plus célèbre des réseaux sociaux, rencontre un succès fulgurant, particulièrement chez les adolescents. Pourquoi ? En fait, les jeunes y font ce qu'ils font dans la vie courante : bavarder, plaisanter, badiner, échanger des infos. Ou tout simplement, y passer le temps. Ils le voient comme espace de développement personnel et social.

A l'analyse, il apparaît que les réseaux sociaux ont deux fonctions importantes pour les adolescents : la mise en scène de soi, c'est-à-dire tout ce qui peut contribuer à la quête identitaire du jeune, et la sociabilité entre pairs, soit tout ce qui peut l'aider à définir son appartenance à des groupes divers.

Apprendre la vie en société

Du point de vue de l'apprentissage de la vie sociale, les réseaux sociaux, comme les lieux de rencontre « réels », jouent un rôle crucial. Ils permettent aux jeunes d'apprendre à communiquer entre eux, à mettre en application les codes, règles et lois qui régissent la vie publique. On y apprend à manier les différents niveaux de langage, à se confronter à des prescrits de groupe, à jauger les réactions suscitées chez les interlocuteurs. Bref, on y apprend à vivre en société, tout simplement.

Cependant, dans les réseaux sociaux, il n'est pas toujours facile d'interpréter le contexte d'une information publiée. Dans la vie courante, notre environnement fournit une multitude d'indices nécessaires pour adapter notre comportement. Ce sont les codes de société. Nous savons que la façon de nous tenir sur les gradins d'un terrain de football va être différente de celle que nous devons avoir dans une classe. Une plage ne ressemble en rien à la salle d'attente d'un dentiste. Qui oserait s'y rendre en maillot de bain, s'étendre sur sa serviette et se tartiner de crème solaire ? Or, dans les réseaux sociaux, on s'adresse à la fois à ses amis proches et à des connaissances plus éloignées. L'usager doit donc se forger un comportement communicationnel conçu pour ses amis tout en suivant les codes qu'il pense être acceptés par un public plus large.

Nés avec les images

D'autre part, l'image occupe une grande place dans notre société. Les enfants ont été filmés avant même leur naissance grâce aux échographies et ont été photographiés des milliers de fois par leurs parents grâce aux appareils photo numériques. Ils se sont mis à photographier leur vie dès qu'ils ont reçu un GSM. Ils baignent depuis leur naissance dans le monde des images. Il n'est donc pas étonnant qu'ils utilisent abondamment les images dans leurs échanges numériques.

Ces évolutions ne sont pas toujours faciles à comprendre pour les parents. Les attitudes de leurs enfants leur paraissent parfois étranges. Il est pourtant important d'essayer de comprendre l'évolution des nouvelles technologies pour pouvoir accompagner les jeunes dans ces eaux nouvelles. Cela demande d'accepter d'écouter les jeunes tout en gérant le fait que les enfants ont souvent une longueur d'avance dans la découverte et l'adoption des technologies numériques. Cela n'est possible que dans le cadre d'une relation où le dialogue a toute sa place.

Extraits de « Les enfants du Net et leurs parents, une recherche-action sur Internet en famille », UFAPEC – Média Animation, p. 24-25.
4 Pourquoi les jeunes aiment-ils Facebook ?

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Facebook est un lien vers l'extérieur. mon fils communique,mais ne demande pas de s'isoler.»

« Il y a des effets de groupes, ils invitent des copains, ça fait partie de leur vie sociale. Je ne pense pas qu'il soit utile de s'y opposer. »

« Notre aîné de 15 ans a beaucoup été sur Facebook, mais je vois maintenant que ça diminue. C'est un intérêt qui est limité dans le temps. Il y a des passes. moi aussi, quand j'avais 13 ou 14 ans, dès que je rentrais de l'école, je téléphonais à une copine. Et puis c'est passé. Je pense donc qu'il ne faut pas trop s'inquiéter. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

  • Serge Tisseron
    Virtuel, mon amour : Penser, aimer, souffrir, à l'ère des nouvelles technologies
    Editions Albin Michel, 2008.
  • Jacques Marquet et Christophe Janssen (dir.)
    Lien social et Internet dans l'espace privé
    Académia – L'Harmattan, 2012.

5 Les réseaux sociaux respectent-ils la vie privée ?

Questions de parents

5 Les réseaux sociaux respectent-ils la vie privée ?

« Je trouve que les jeunes mettent trop de choses sur Facebook. Ça devient du voyeurisme. »

« Facebook, c'est l'étalage de sa vie privée. Dès qu'on rentre de vacances, les enfants se précipitent sur Facebook pour mettre leurs photos et montrer où ils sont allés. »

« Mes filles consacrent beaucoup d'énergie à leur image, leurs photos sur Facebook. »

Eclairages

Beaucoup de parents s'inquiètent de voir leurs enfants communiquer via Facebook et partager de nombreux aspects de leur vie personnelle. Ils y voient une menace pour la protection de leur vie privée. Pascal Minotte, psychothérapeute et chercheur à l'Institut Wallon pour la Santé Mentale (IWSM), explique que le concept d'« extimité » a été élaboré pour « désigner cette tendance actuelle à rendre publics des éléments cantonnés auparavant à la sphère privée ou intime. Les photos de vacances, le nouveau tatouage, l'échographie du bébé à venir puis ses premiers pas, le réveillon de Nouvel An avec les amis et les fêtes de Noël en famille... sont exposés sur Facebook, accessibles à nos contacts, voire à tout qui passe par là(1) ».

La notion d'intimite évolue

Pascal Minotte observe « que les notions d'intimité et de vie privée ont connu des déclinaisons multiples au cours de l'histoire. Les récits de nos grands-parents nous laissent imaginer un rapport à l'intimité différent de celui que nous avons nous-mêmes connu, lui-même en décalage par rapport à ce que nos petits-enfants connaîtront ». Se référant aux travaux de Danah Boyd, chercheuse en sociologie des médias, il relève que « la notion de vie privée n'est plus entendue de la même façon par les adultes et les adolescents. Les premiers la comprennent comme un droit à la confidentialité là où les seconds l'envisagent plutôt comme un droit de contrôle des informations les concernant, à savoir la possibilité de maîtriser ce qu'ils montrent ».

Un besoin de reconnaissance

Ce recours à l'extimité repose notamment sur un besoin de validation et de reconnaissance. « À l'heure où tout le monde est invité à trouver sa voie, à se construire une identité personnelle et à déterminer ce qu'il veut ou ne veut pas faire, les réseaux sociaux et les blogs sont logiquement sollicités dans ce sens. En effet, « pour savoir qui on est, il faut commencer par se découvrir », c'est-à-dire « à la fois se mettre à nu face aux autres et accéder à la connaissance de soi »(2). Ces deux attitudes convergent dans ce que Serge Tisseron nomme « désir d'extimité »(3). À savoir le fait de divulguer des fragments de soi (pensées, photos, vidéos), dont la valeur est encore incertaine, afin de les faire valider par son entourage, ou par les réactions d'autres internautes. Bien que les adolescents ne soient pas les seuls à chercher cette reconnaissance, ils sont tout particulièrement concernés par cette quête identitaire ».

De nouvelles règles sociales

Mais cette recherche d' « extimité » est-elle renforcée par les nouvelles technologies ? Serge Tisseron ne le pense pas. Pour lui, Internet facilite seulement son expression. « Le désir d'extimité est inséparable de la quête relationnelle. Sa valorisation est en train d'organiser de nouvelles règles sociales, qui ne sont pas plus dangereuses que les précédentes. Nous devrons juste apprendre à les connaître » (4).

Et la vie privée des autres ?

L'autre aspect des questions qui concernent la vie privée, c'est le respect de l'intimité de ses proches : familles, amis ou connaissances. Avant de diffuser des photos ou des informations qui les concernent, il faut s'assurer qu'elles ne vont pas leur nuire et trouver le bon équilibre entre respect de la vie privée et liberté d'expression.

5 Les réseaux sociaux respectent-ils la vie privée ?
(1) Pascal Minotte, « Qui a peur du grand méchant web ? », coll. Temps d'arrêt YAPAKA, 2012, p. 18-20.
(2) Tisseron S., « Virtuel, mon amour. Penser, aimer, souffrir, à l'ère des nouvelles technologies », Albin Michel, 2008, p. 39.
(3) Tisseron S., « L'intimité surexposée », Ramsay, 2001 ; réédition Hachette Littératures, 2002.
(4) Isabelle Taubes, « Entretien avec Serge Tisseron : cet obscur désir de s'exposer » Psychologies.com, octobre 2001 (> www.psychologies.com/ Planete/Societe/Articles-et-Dossiers/Entretien-avec-Serge-Tisseron-cet-obscur-desir-de-s-exposer)

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Je retrouve plein de photos de ma fille sur Facebook : en classes vertes, en vacances, en week-end scout, sur la photo de classe, avec identification de son nom. Mais, honnêtement, je n'ai rien vu de grave. »

« Quand ma fille me dit que 25 personnes ont apprécié sa photo sur Facebook, je me rends compte que ça la rassure. »

« J'ai une filleule qui s'est mise en maillot de bain dans sa chambre et s'est prise en photo en prenant des poses. Elle a mis ces photos sur Facebook. Ces photos sont destinées aux copines, qui lui disent 'Qu'est-ce que tu es belle'. Et il faut reconnaître qu'elle est bien dans sa peau. ».

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

  • Serge Tisseron
    L'intimité surexposée
    Ramsay, 2001 , réédition coll. Pluriel, Hachette Littératures, 2002.

6 Face aux images pornographiques, que faire ?

Questions de parents

6 Face aux images pornographiques, que faire ?

« Lorsque mon fils est passé en humanités, des copains lui ont donné des adresses de sites pornographiques. Je m'en suis rendu compte en jetant un coup d'œil à l'historique. »

« Mon fils de 11 ans est malencontreusement tombé sur des images pornographiques. Que dois-je faire ? »

« Comment expliquer qu'Internet, ce n'est pas forcément la réalité, par exemple à propos des images pornographiques ? »

Eclairages

Pour les parents, un des risques d'Internet les plus préoccupants, c'est celui de la pornographie. Lorsqu'ils étaient enfants, ils y ont rarement été confrontés. C'est pourquoi ils ne savent pas quelle est l'ampleur du risque et l'attitude à adopter.

Des images traumatisantes ?

Quel est l'impact de ces images sur les jeunes ? Comme l'explique le pédopsychiatre Jean-Yves Hayez, « pour la majorité des enfants, l'effet traumatisant ou pervertissant est plus léger ou/et plus fugace, si pas nul. Ceux-ci ne s'attachent pas vraiment à ce qu'ils ont vu ou n'y reviennent que très occasionnellement. C'est parfois le hasard qui les a confrontés à la pornographie, c'est plus souvent la curiosité, le désir de pénétrer dans le monde des grands et de défier leurs règles, seul ou entre amis. Une fois " l'exploit " réalisé, une fois que l'enfant a constaté qu'il a la capacité de " faire ça ", il passe à d'autres conquêtes... »(1)

S'appuyer sur le dialogue

Le site Yapaka.be(2) rappelle à ce sujet que « l'enfant ou l'adolescent est curieux de la sexualité et c'est bien normal. De tout temps, il a cherché des informations, des images... une manière de comprendre et maîtriser ce qui se passe dans son corps, ce qui l'attend. Cependant, avec Internet, non seulement les images émergent de l'extérieur plutôt que d'être « imaginées » mais de plus elles vont jusqu'à faire irruption indépendamment du fait qu'on les recherche. Ainsi, elles n'arrivent souvent pas en concordance avec le développement affectif de l'enfant. Le risque essentiel est que l'enfant croie que cette image de la sexualité correspond à la réalité, voire qu'il devra pratiquer « tout cela » pour être dans la norme ». C'est pourquoi une éducation sexuelle et affective par « des adultes qui favorisent le dialogue permet à l'enfant d'apprendre que sa vie amoureuse, notamment sexuelle, il devra l'inventer pas à pas avec celui ou celle qu'il choisira. Aborder ceci, avec pudeur, au travers des petits faits du quotidien reste la meilleure des préventions face à l'omniprésence d'une sexualité de consommation qui dépasse d'ailleurs Internet ».

En parler préventivement

Mais il est aussi très important, comme l'explique Serge Tisseron, que les parents abordent la question de la pornographie sur Internet avec « leurs enfants avant que ceux-ci y soient confrontés, exactement de la même façon qu'on le fait pour la pédophilie » en expliquant qu'il existe des images « qui prétendent montrer des relations sexuelles, mais dans lesquelles on ne voit jamais ce qui se passe réellement entre deux personnes qui ont de l'affection et de l'estime l'une pour l'autre (3)». « Si on parle ainsi à un enfant et qu'on le met en garde contre le risque majeur de ces images, qui est de croire qu'elles sont un reflet de la sexualité réelle, il pourra plus tard en parler s'il en voit. En revanche, si on ne lui dit rien, il est bien évident qu'il n'en parlera pas ! L'enfant averti échappe à la fois au piège de la honte et à la tentation d'imiter ce qu'il a vu ».

6 Face aux images pornographiques, que faire ?
(1) Jean-Yves Hayez, « La confrontation des enfants et des adolescents à la pornographie », Archives de pédiatrie, 2002, n°9, p. 1183-1188.
(2) « Enfance et risques d'Internet : mythes et réalités » (> www.yapaka. be/page/enfance-et-risques-dinternet-mythes-et-realites). Yapaka est une initiative de la Coordination de l ́Aide aux enfants victimes de maltraitance du Ministère de la Communauté française.
(3) Serge Tisseron, « Manuel à l'usage de parents dont les enfants regardent trop la télévision », Bayard, 2004, p.99

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Interdire l'accès à Internet, c'est pousser les jeunes à aller surfer chez leurs copains. Nous avons donc décidé de parler des sites pornographiques avec nos enfants, ce qui nous a permis de resituer la pornographie par rapport à la sexualité. »

« Mon fils est allé voir des sites peu appropriés. ma femme en a parlé avec lui. Il y est allé encore une fois ou deux mais maintenant c'est passé. Et je sais qu'il n'ira pas chez les autres pour voir ces sites puisqu'il l'a fait à la maison. moi aussi, à son âge, j'ai feuilleté l'une ou l'autre revue pornographique. »

« Mon fils est allé voir un site pornographique, mais cela ne me dérange pas parce que il voulait voir ce que c'était. Nous en avons parlé et il nous a dit qu'il avait rapidement refermé les pages. Ce qui m'aurait dérangé, c'est qu'il tombe par hasard sur des images pornographiques et qu'il soit choqué. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

  • Serge Tisseron
    Manuel à l'usage de parents dont les enfants regardent trop la télévision
    Bayard, 2004, p. 98-100.
  • Enfants et parents face à la pornographie : la censure et après ?
    dans Serge Tisseron, Les bienfaits des images, Odile Jacob, 2002, p. 181-207.

7 Pour ou contre les jeux numériques ?

Questions de parents

7 Pour ou contre les jeux numériques ?

« Je m'inquiète de la violence dans les jeux, qui est banalisée. Ils trouvent normal que quelqu'un soit tué et que le sang gicle. ».

« Certains sont vraiment 'accros' aux jeux. mon fils a raté son année car il joue la nuit. »

« Qu'il fasse beau ou mauvais, quand il a un moment de liberté, mon fils joue systématiquement sur son PC. »

Eclairages

De nombreux enfants se passionnent à un moment ou à un autre pour les jeux vidéo ou numériques, qu'ils soient en ligne ou hors ligne. Faut-il s'en inquiéter ? « Le jeu a toujours existé, il est aussi ancien que l'être humain » rappelle le psychanalyste Serge Tisseron. « Avec l'arrivée d'Internet et des jeux vidéo, on joue différemment. La culture du jeu a changé. Mais la finalité reste la même : jouer sert à initier et à améliorer notre capacité psychique [...] Ca sert à faire face à l'imprévu, ça nous donne la capacité d'inventer de nouvelles réponses »(1). De plus, comme l'explique le psychologue Michaël Stora, des recherches scientifiques ont montré « que les jeux vidéo développaient des compétences cognitives : la spatialisation en 3D, le multitasking (accomplir plusieurs tâches en même temps) et l'intelligence déductive [...] Le jeu vidéo n'est pas le lieu de décharge ni le punching-ball quel'on croit. Enjouant on apprend à ne pas être dans le « tout et tout de suite ». Le jeu vidéo est un lieu de persévérance »(2).

Vecteur de violence ?

Cependant, certains jeux sont violents, et de nombreux parents s'en inquiètent. Pour Michaël Stora, il faut « distinguer la violence de l'agressivité. Être violent, c'est nier l'autre, le "choséifier", à l'image de ce que peut faire un psychopathe. Or, la majorité de ces jeux évoluent dans un contexte agressif plutôt que violent, respectant des règles, des codes. Bien sûr, il existe des jeux ultraviolents que l'on pourrait qualifier d'immoraux, voire amoraux, par exemple Manhunt , ou Grand Theft Auto [...] Mais même dans ces jeux-là, il y a toujours une sorte de garde-fou, les interdits ne sont jamais totalement absents, et heureusement ! »(3).

Un risque de dépendance ?

Les jeunes sont aussi tentés de consacrer beaucoup de temps aux jeux vidéo. N'est-ce pas problématique ? A ce sujet, Michaël Stora rappelle que « le job premier des parents est de poser des limites. Mais il ne faut pas devenir angoissé ou parano face à un adolescent qui joue. Les adultes aussi passent beaucoup de temps sur leur ordinateur... Il y a des périodes où le jeu prend beaucoup de place et d'autres, où l'espace laissé est réduit. Les parents doivent être vigilants, communiquer avec leur enfant. L'alarme doit se mettre en route lorsque d'autres signaux accompagnent une pratique du jeu qui peut paraître excessive comme la rupture des liens sociaux avec les copains, la perte de l'appétence scolaire, le renfermement »(4).

Parents, impliquez-vous !

Pour jouer leur rôle éducatif, Serge Tisseron conseille aux parents de s'intéresser aux jeux : « Ne vous contentez pas du système de classification (5).Trouvez des sites exposant le contenu des jeux avant de les louer ou de les acheter. Cela vous permettra d'argumenter votre position éducative par rapport à eux. Et surtout, demandez à vos enfants de vous montrer ce qu'ils font dans ces jeux, et de vous l'expliquer. [...] En effet, plus vos enfants auront pris goût précocement à vous communiquer ce qu'ils découvrent, plus ils le feront longtemps et plus votre relation à eux en sera enrichie. Et vous trouverez au passage l'occasion de mieux connaître les nouvelles technologies et de mieux les comprendre » (6).

7 Pour ou contre les jeux numériques ?
(1) Claire Steinlen, « La "gamisation" touche tous les domaines de la société»dans CLES,février-mars2012 (> www.cles.com/enquetes/article/ la-gamisation-touche-tous-les-domaines-de-la-societe)
(2) Michaël Stora, « Les jeux vidéo sont-ils dangereux ? », graine de curieux. fr (> www.grainedecurieux.fr/enfant/jeux-et-jouets/pages/les_jeux_video_ pas_si_mauvais_que_ca.aspx)
(3) Michaël Stora, « Ce sont les parents qui trouvent les jeux violents », Le point, 12 mars 2009. (> www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2009-03-12/interview-jeux-video-ce-sont-les-parents-qui-trouvent-les-jeux/1387/0/325234)
(4) « Rencontre avec Michaël Stora », Décryptages, 9 novembre 2011 (> decryptages.acadomia.fr/regarddexpert/article/r/rencontre-avec-michael-stora ).
(5) Le système de classification par âge PEGI (Pan European Game Information, système européen d'information sur les jeux) qui propose pour chaque jeu l'âge minimum recommandé.
(6) Serge Tisseron, « Jeux vidéo : parents, impliquez-vous ! » (> sergetisseron.com/blog/jeux-video-parents-impliquez-vous).

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« J'ai regardé quel était le jeu avec lequel jouait mon troisième, et il n'y a pas de violence. J'ai été rassurée. Cela lui a même fait plaisir que je m'y intéresse. »

« Mon fils s'est passionné pour le jeu World of Warcraft. Pendant un certain temps, il y passait tout son temps. mais maintenant, c'est passé. Il y joue encore, mais beaucoup moins. »

« Je me suis intéressé aux jeux de mon fils et j'ai fait des parties avec lui. C'était très sympa. Nous avons passé de très bons moments ensemble. ».

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

  • Serge Tisseron
    Manuel à l'usage de parents dont les enfants regardent trop la télévision
    Bayard, 2004, p. 98-100.
  • Enfants et parents face à la pornographie : la censure et après ?
    dans Serge Tisseron, Les bienfaits des images, Odile Jacob, 2002, p. 181-207.

8 Quels sont les principaux risques d'Internet ?

Questions de parents

8 Quels sont les principaux risques d'Internet ?

« Sur Facebook, il est très facile de démolir quelqu'un. C'est assez effrayant.»

« Ma femme a vu que sa filleule avait mis sur Internet des photos un peu exagérées. Elle en a parlé avec sa filleule. Ce qui est étonnant, c'est que ce que nous trouvions « olé-olé » lui paraissait tout à fait naturel. »

« Est-ce qu'ils ne risquent pas d'avoir des problèmes pour trouver un travail plus tard, avec toutes ces informations qu'ils laissent sur Internet ? »

Eclairages

Internet est un outil aux multiples usages. Ses risques sont donc aussi très diversifiés. Sans revenir sur ceux qui ont été traités dans les autres questions, on peut identifier les suivants :

Les données personnelles

Naviguer sur Internet, c'est laisser des traces, qu'elles soient volontaires ou non. Les conseils de prudence, qui recommandent de ne pas publier de données personnelles en ligne (adresse, numéro de téléphone...) restent d'actualité. Il faut aussi veiller à respecter la vie privée des autres en ne publiant pas sans leur accord des informations qui les concernent.

Arnaques en tous genres

Bien présentes dans la vie courante, les arnaques sont également présentes sur Internet. Que ce soit le généreux donateur (soudainement veuf ou aux portes de la mort...) qui est prêt à donner une grosse somme d'argent, que ce soit une « loterie » qui a tiré votre adresse mail au sort, ou encore une banque improbable qui vous demande des renseignements sur votre compte bancaire, les risques sont nombreux pour les internautes crédules. Il importe donc d'être vigilant. Internet peut être utile pour faire face à ces dangers : il suffit de faire quelques recherches sur le thème « arnaques sur Internet » afin d'être tenu au courant des pièges dont il faut se méfier.

Virus, malwares...

Dans un autre registre, les logiciels malveillants, introduits à votre insu, peuvent poursuivre divers objectifs : détruire vos données, les voler ou s'immiscer dans vos communications afin de prendre le contrôle de votre machine pour vous surveiller et/ou utiliser votre ordinateur comme relais dans une attaque pirate à partir de machines « infectées ». Il faut donc suivre les conseils de prudence relayés par les sites spécialisés et équiper son ordinateur des protections ad hoc.

La cyberprédation sexuelle

Même si le risque reste statistiquement faible, il y a des prédateurs sexuels sur Internet comme il y en a dans la vie courante. Il ne faut pas pour autant s'interdire de rencontrer physiquement une personne dont on a fait la connaissance sur Internet. Mais il faut conseiller aux jeunes de ne pas accepter de rendez-vous sans en parler à des proches.

Le cyberharcèlement

Le cyberharcèlement désigne les interactions non sollicitées qui prennent une forme de nuisance pour ses victimes. Il peut s'agir de mails insultants, de messages agressifs laissés sur un blog, d'une invasion de messages négatifs sur un profil facebook, de sms, etc. Il faut donc rester attentif aux dérapages de ce type afin d'être en mesure de soutenir un jeune confronté à ces dérives, qu'elles aient lieu sur Internet ou non.

La désinformation

Internet véhicule une quantité d'informations de natures très diverses. Certaines sont très fiables, d'autres pas du tout. Info, publicités, propagande, canulars... il n'est pas toujours facile de faire le tri. L'apprentissage progressif d'un décodage critique est indispensable pour être capable de distinguer le vrai du faux.

Autres risques

Les innovations technologiques et les possibilités offertes de téléchargement, d'écoute ou visionnement en ligne (streaming) ou encore de piratage... font courir d'autres types de risques : ceux de poursuites légales encourues par celui qui pratique ces activités parfois semi-légales ou illégales.

Eduquer les jeunes à Internet revient à leur donner progressivement des outils afin de les rendre autonomes et de les rendre capables de faire progressivement face à ces risques par eux-mêmes.

8 Quels sont les principaux risques d'Internet ?

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Face à Internet, les parents se retrouvent dans l'obligation de se former constamment. »

« Si les enfants voient que leurs parents sont intéressés par ces nouveaux usages, et qu'ils sont soucieux de bien expliquer les choses, de dialoguer, et qu'ils ne sont pas trop craintifs face à ces nouveaux outils, cela peut les aider à progresser et à bien utiliser Internet. »

« Je me suis dit qu'il était temps que j'apprivoise Internet, que je comprenne comment ça marche, que je puisse aborder ce sujet avec mes enfants pour leur expliquer le positif et le négatif de cet outil-là. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

  • Elodie Kredens et Barbara Fontar
    Comprendre le comportement des enfants et adolescents sur Internet pour les protéger des dangers
    , Fréquences-écoles, 2010 téléchargeable > www.frequence-ecoles.net/ressources/view/id/37c48d9366cfe18d321ef6e1db 77cd38).
  • Quelle éducation aux risques d'Internet?
    Actes de la journée d'étude organisée dans le cadre le la campagne « cliquer futé » du 26 mars 2003», Média Animation, 2003.

9 Les filtres sont-ils utiles ?

Questions de parents

9 Les filtres sont-ils utiles ?

« Je voudrais limiter l'accès à certains mots sur internet. Est-ce possible? »

« En général, les filtres bloquent trop de pages. Existe-t-il un filtre qui ne bloque que les sites pornographiques ? »

« Mon mari et moi travaillons tous les deux et nous rentrons souvent tard. Nous nous demandons si nous ne devrions pas placer un filtre sur l'ordinateur utilisé par les enfants. »

Eclairages

Face aux risques de la navigation sur Internet, les filtres offrent-ils une solution satisfaisante ? Pour le site Yapaka. be(1), un programme de prévention de la maltraitance de la Fédération Wallonie-Bruxelles, « les meilleurs filtres sont ceux qui se transmettent dans la relation entre adultes et enfants. Car une barrière extérieure restera toujours franchissable et, dans ce registre, la créativite des enfants ou adolescents est un talent qu'il faut leur reconnaître. Ici comme dans d'autres domaines, la priorité est d'apprendre aux enfants à intégrer des limites intérieures. Elles lui permettront de vivre en société. Dans certaines situations, et même s'ils ne sont jamais fiables à 100% (ils ne le seront d'ailleurs jamais), les filtres peuvent être une solution pour préserver les enfants les plus jeunes de l'intrusion accidentelle d'images pornographiques ou ultra-violentes par exemple ».(2)

La relation éducative avant tout

Un point de vue partagé par Pascal Minotte pour qui « tout comme il n'a jamais été question de laisser un enfant se promener seul dans une ville qu'il ne connaît pas, il est nécessaire d'accompagner nos enfants dans leurs premières années de « surf » afin de leur transmettre les règles de sécurité de base (regarder en traversant la rue, ne pas suivre des adultes inconnus, éviter certains lieux à certaines heures, etc.). Les filtres seront utiles pour éviter l'intrusion inopinée d'images inadaptées aux plus jeunes, mais ils ne remplaceront jamais le dialogue et la relation de confiance entre l'enfant et ses parents. Seule cette dernière permettra au jeune de solliciter l'adulte en cas de nécessité. Des attitudes rigides et répressives en la matière augmenteront le malaise de l'enfant, celui-ci culpabilisera et n'osera pas se confier, notamment lorsqu'il sera confronté à des images choquantes » (3). Il ne faut d'ailleurs pas perdre de vue que « si le filtre est installé sur le PC familial, il n'accompagne pas pour autant l'enfant dans tous ses déplacements et partout où il est susceptible de trouver une connexion ». Pascal Minotte ajoute qu'il faut prévenir un enfant de l'installation d'un filtre « afin qu'il ne soit pas trop surpris le jour où il rencontrera des images traditionnellement filtrées par ce dispositif » sur un ordinateur utilisé hors de la maison. « Ici, comme dans d'autres domaines, la priorité est de transmettre à nos bambins des limites intérieures qui les accompagneront où qu'ils aillent ».

9 Les filtres sont-ils utiles ?
(1) Yapaka.be est le site du programme de prévention de la maltraitance de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
(2) « Enfance et risques d'Internet : mythes et réalités », yapaka.be (> www.yapaka. be/page/enfance-et-risques-dinternet-mythes-et-realites)
(3) Pascal Minotte, « Qui a peur du grand méchant web », coll. Temps d'arrêt, Yapaka, 2012, p. 24 (téléchargeable > www.yapaka.be/professionnels/livre/qui-a-peur-du-grand-mechant-web)

Pour aller plus loin

Paroles de parents

Les « CoNtrE »

« J'ai essayé ces logiciels, et franchement, cela ne m'a pas été utile. J'ai abandonné. »

« Ce qui me fait peur dans le contrôle parental, c'est que, lorsqu'ils se rendront ailleurs, ils ne sont pas préparés à utiliser un Internet ouvert. J'ai tendance à aller davantage dans le dialogue que dans le contrôle. »

Les « PoUr »

« Le logiciel que j'ai choisi gère les problèmes de durée, contenus, âges en créant des profils par enfant. Et il peut faire, pour les parents, une synthèse de ce que les enfants ont été voir sur Internet. »

« Maintenant, je ne dois plus jouer au gendarme. C'est beaucoup plus agréable. Avec l'âge, les paramétrages peuvent changer. Et si un enfant a besoin de plus de temps pour un travail, le logiciel me le signale par mail et je donne mon autorisation. »

Eclairages

Faut-il surveiller tout ce qu'ils font sur Internet ?

Les parents doivent-ils contrôler la façon dont leurs enfants utilisent Internet ? Pour le psychanalyste Serge Tisseron, « la question principale est de savoir jusqu'où il est bon que les parents surveillent leur enfant et à partir de quel moment il vaut mieux qu'ils lui fassent confiance » (1). En ce qui concerne l'historique de leur navigation sur Internet, il déconseille de le surveiller car « quoique l'on découvre, on ne pourra en parler à son enfant car on l'a surveillé dans son dos ». Et il conseille aux parents « de s'intéresser un peu moins à ce que font leurs enfants en cherchant à les espionner, et un peu plus à ce qu'ils pensent et éprouvent en parlant avec eux ».
(1) Serge Tisseron, « Manuel à l'usage de parents dont les enfants regardent trop la télévision », Bayard, 2004, p.141-143.

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« On recommande de ne pas lire l'historique, pas plus que les journaux intimes, car on risque de ne plus pouvoir leur parler en confiance ensuite. »

« Ça peut être problématique de contrôler les historiques. Ça peut être mal perçu par les enfants qui peuvent penser qu'on ne leur fait pas confiance. »

« Il ne faut pas trop contrôler ce que font nos enfants sur Internet. Quand ils sont adolescents, il faut leur laisser leur jardin secret. »

« Les jeunes ont droit à leur jardin secret et doivent faire leurs expériences pour se construire. »

10 Comment éduquer les jeunes à Internet ?

Questions de parents

10 Comment éduquer les jeunes à Internet ?

« On ne peut pas voir ce qu'ils font sur Internet. Dès qu'on s'approche, ils cachent l'écran. On ne peut rien lire. »

« En réalité, on leur met des outils en main sans les avoir préparés à les utiliser. »

« Garder le dialogue avec les enfants est très difficile. On essaye d'expliquer des choses, mais ils n'en tiennent pas compte. »

Eclairages

La recherche-action dont est issue cette publication a proposé aux parents d'observer davantage les activités menées par leurs enfants sur Internet, de parler avec eux de l'intérêt qu'ils y trouvaient et du sens qu'ils leur donnaient. Cette démarche s'inscrit dans une perspective d'accompagnement des jeunes.

Ne pas céder à la peur

Dans ce cadre, comme l'explique la chercheuse Danah Boyd, il ne faut pas céder à « la multiplication des discours alarmistes sur les dangers réels ou supposés des éseaux sociaux » car cela « aboutit à l'effet strictement inverse à ceux qui sont souhaités. Ainsi, angoissés par ces messages à répétition, les parents sont tentés de vouloir surveiller les activités de leurs enfants sur ces réseaux, de les décourager ou pire, de les empêcher, toutes choses qui aboutissent à une seule chose : encourager ces adolescents à dissimuler leurs pratiques... »(1). Plutôt que d'être mobilisés par la peur, dont on sait qu'elle est mauvaise conseillère, les parents sont invités à développer un dialogue ouvert et confiant.

Accompagner les jeunes

Mais comment accompagner les jeunes dans leur découverte d'Internet ? Pour Pascal Minotte, cette démarche doit avoir lieu « comme on le ferait en allant dans une plaine de jeu ou dans une ludothèque c'est-à-dire en jubilant ensemble, en construisant du sens, en fixant des balises et des limites, et en se racontant ensuite. [...] « Construire du sens » se fait naturellement pour peu qu'un dialogue s'installe autour d'une activité et de son contexte. Par exemple, l'enfant expliquera ce qu'il ressent sur la balançoire, la façon dont il aime être balancé (plus haut !) et le parent évoquera des souvenirs d'enfance, ses propres parents, ou encore le vertige dont il souffre » (2).

Transmettre des valeurs

De plus, l'éducation à Internet doit s'inscrire dans la démarche éducative globale dont une des grandes dimensions est la transmission des valeurs : respect de soi et d'autrui, solidarité, patience, modération... Le jeune transposera progressivement ces valeurs dans sa pratique informatique et sa relation aux autres via les écrans. L'éducation à Internet complète cette éducation en décodant les coulisses des usages médiatiques : comment fonctionnent les outils, quelles en sont les limites, les enjeux... Une réflexion où parents et enfants pourront s'aider mutuellement avec leurs compétences réciproques.

Mieux connaître Internet

A l'exemple de la société, Internet ne sera jamais un monde aseptisé, sans dangers. Apprendre les attitudes qui permettent une utilisation autonome et responsable des nouveaux médias, tel est le rôle des parents et des éducateurs. Y compris, et surtout même, quand les écrans sont éteints. La prévention, c'est une attitude qui se cultive dès avant la confrontation aux dangers. Comme le résume Serge Tisseron, il ne faut pas inviter les jeunes « à connaître les dangers d'Internet pour mieux profiter des avantages, mais au contraire les inviter à mieux en connaître les avantages pour en déjouer les pièges. Seule cette attitude peut déjouer un risque grave de fracture générationnelle »(3).

10 Comment éduquer les jeunes à Internet ?
(1) Cité par Pascal Minotte, « Qui a peur du grand méchant web », p.11.
(2) Pascal Minotte, « Qui a peur du grand méchant web », p.11.
(3) Serge Tisseron, « La prise de risque sur Internet : éduquer autrement », AFPSSU, janvier 2010.

Pour aller plus loin

Paroles de parents

« Quand mon aîné voit quelque chose de chouette sur Youtube ou Facebook, il me dit: 'Viensvoir'. Et quand on s'intéresse à ce qu'il regarde, il a beaucoup de plaisir à montrer les gags qu'il a trouvés. C'est gai parce qu'on peut en parler après. Quand on est moins strict, les enfants sont moins braqués et ça se passe bien. »

« Il est important de dialoguer avec les enfants, de leur apprendre la prudence, de développer leur esprit critique. »

« Internet nous fait peur, mais il faut former nos enfants à bien l'utiliser plutôt que de l'interdire. »

« On a parlé de cadrage et d'interdictions. Mais le plus important, c'est le dialogue parents-enfants. S'il y a un élément essentiel, c'est le dialogue. »

Pour aller plus loin

Sur le web

Livres

   Partenaires

L'UFAPEC...

UFAPEC

L'UFAPEC est l'Union Francophone des Associations de Parents de l'Enseignement Catholique. Notre mission prioritaire est de favoriser les bonnes relations entre la famille et l'école, car c'est, selon nous, un élément indispensable à la réussite scolaire de vos enfants. La présence des parents sous forme de comité / d'association de parents est un atout pour tous les acteurs de l'école. Nous soutenons et féderons ces groupes de parents.

En tant qu'association d'éducation permanente pour adultes, l'UFAPEC vous propose des analyses et études visant la réflexion et la prise de conscience des enjeux de société autour de la poli- tique et des institutions de l'éducation et de l'enseignement.

Nous sommes aussi le « partenaire parental » du Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique (SeGEC) depuis 50 ans. Le décret « Associations de parents » du 30 avril 2009, comme le décret « Missions» du 24 juillet 1997 avant lui, nous reconnaît comme étant l'organisation représentative des parents d'élèves de l'enseignement catholique en Communauté française. »

Union Francophone des Fédérations des Associations de Parents de l'Enseignement Catholique
Avenue des Combattants, 24
1340 Ottignies
té l+32(0)10420050
fax +32(0)10420059
www.ufapec.be
info@ufapec.be

Média Animation...

Media animation

Média Animation est une asbl qui a pour but de développer l'éducation critique de tous face aux médias. Cette « éducation aux médias » a pour but de rendre chaque citoyen actif, autonome et critique envers tout document ou dispositif médiatique dont ils est l'usager ou le destinataire. Média Animation mène son action dans le secteur de l'enseignement et de l'éducation permanente des adultes. Dans ce cadre, elle mène différentes actions de soutien à la parentalité.

Média Animation soutient également les initiatives, projets et institutions associatives, sociales, éducatives ou culturelles par la mise en oeuvre d'actions et de services professionnels dans le domaine de la communication.

Media Animation asbl
Avenue E. Mounier, 100
1200 Bruxelles
tél+32(0)22567242
fax+32(0)22458280
www.media-animation.be
info@media-animation.be

Des conférences-débats...

Média Animation et l'UFAPEC organisent conjointement des ateliers « Parentalité & Médias ». Ceux-ci sont destinés à répondre aux demandes d'association de parents qui souhaitent déve- lopper une réflexion critique autour des enjeux éducatifs liées aux médias. L' animation peut prendre différentes formes : de la conférence de sensibilisation à des dispositifs de formation plus approfondis, en passant par des ateliers d'échanges entre parents. Les thèmes suivants peuvent être adaptés en fonction du contexte de l'intervention, du public et du temps disponible :

  • Quelle éducation aux réseaux sociaux ?
  • Quelle éducation aux risques d'internet ?
  • Jeux vidéo et jeux en ligne : qu'en penser ?
  • La télévision : amie ou ennemie ?
  • La publicité en questions
  • Les pratiques médiatiques des jeunes
  • Stéréotypes et représentations dans les médias, etc.


  Pour commander la publication



Le contenu de ce site a été édité sur format papier:
« Internet à la maison en 10 questions », UFAPEC-Média Animation, 2012, 60 pages.
Prix : 3 euros + 2 euros de frais de port (10 exemplaires : 25 euros).

  • Pour toute commande, contactez l'UFAPEC par mail : info@ufapec.be ou au 010/42.00.50